La fondation Raspberry Pi annonce l’arrivée d’un nouvel ordinateur de poche. Le Raspberry Pi 5 succède au 4, plus de quatre ans après sa présentation et s’il ressemble à son prédécesseur avec un format identique, de la taille d’une carte de crédit en gros, il évolue presque sur tous les autres aspects. Le point le plus important est sans doute à chercher du côté des performances, puisque cette nouvelle génération intègre un processeur deux à trois fois plus rapide, ainsi qu’un circuit graphique deux fois plus rapide que le précédent modèle.
Ce doublement au moins des performances ne se fait pas au détriment de la consommation électrique et des températures, qui était un défaut notoire du Raspberry Pi 4. Au contraire, ce nouveau modèle devrait consommer et chauffer moins, grâce à une nouvelle puce et une finesse de gravure améliorée. On est loin de ce qu’Apple propose dans ses smartphones, le prix n’est pas le même non plus, mais cette cinquième génération repose sur une puce BCM2712 conçue par Broadcom qui est gravée à 16 nm, contre 28 nm sur l’ancien modèle. Le processeur reste sur quatre cœurs, désormais cadencés à 2,4 GHz (1,5 GHz sur le RPi4) et ce sont des cœurs Cortex-A76 plus récents.
Côté graphismes, le Raspberry Pi 5 hérite également d’un GPU nettement plus moderne et puissant, également conçu par Broadcom. Il est désormais capable de gérer deux écrans 4K à 60 images par seconde, ce qui est parfait pour les deux sorties vidéo, toujours au format micro HDMI, qui sont proposées. Elles pouvaient déjà gérer un affichage 4K, mais uniquement à 30 fps sur l’ancienne génération. Pour accompagner ces évolutions, la mémoire vive sera au minimum de 4 Go sur cette génération (avec une option à 8 Go) et elle bénéficie d’une bande-passante plus que doublée par rapport à la précédente.
Les performances s’améliorent aussi du côté des entrées et sorties physiques, ce qui a toujours été un point faible de ces micro ordinateurs. C’est d’ailleurs sur ce point que l’on trouve la nouveauté la plus significative avec l’arrivée d’une puce RP1 dédiée à gérer toutes les entrées et sorties. C’est une évolution de l’architecture de l’ordinateur, puisque le système sur puce central gérait jusque-là tous les connecteurs, à quelques exceptions près. Sur le Raspberry Pi 5, la puce de Broadcom gère uniquement les liens les plus exigeants (mémoire vive, sorties vidéo et le PCI Express), mais tout le reste est pris en charge par cette nouvelle puce qui est aussi maison.
En effet, c’est le premier composant créé par la fondation qui trouve place dans dans un Raspberry Pi et la RP1 est le résultat de son projet le plus ambitieux. Lancé en 2016, il a coûté 15 millions de dollars et c’est la troisième version de la puce qui trouve enfin place dans ce nouvel ordinateur. Elle prend en charge les deux prises USB 3.0, les deux prises USB 2.0, la prise Ethernet Gigabit et tous les autres connecteurs annexes. Elle devrait permettre non seulement de conserver le vrai gigabit de la quatrième génération, mais aussi d’offrir une prise en charge complète des deux ports USB 3 en parallèle : la fondation promet de tenir les 5 Gbit/s sur les deux en même temps. En revanche, on reste sur des prises au format USB-A, l’unique prise USB-C servant uniquement à l’alimentation : dommage pour un ordinateur qui sort fin 2023.
Côté connecteurs toujours, plusieurs évolutions sont à noter. La prise jack et la sortie vidéo composite ont été retirées, pour faire de la place pour deux connecteurs vidéo qui serviront essentiellement à brancher des caméras. On retrouve toujours la broche GPIO identique aux précédentes générations, un indispensable dans l’écosystème. L’autre grosse nouveauté est un connecteur PCIe 2.0 pour brancher un SSD ou un autre périphérique rapide au Raspberry Pi 5. Le M.2 HAT permettra à partir de 2024 d’utiliser un SSD NVMe au format barrette M.2 avec le Raspberry Pi 5. Par défaut, le stockage se fait toujours sur une carte microSD, avec un lecteur plus rapide grâce à la norme SDR104.
La prise Ethernet récupère les connecteurs pour la fonctionnalité Power over Ethernet (PoE) qui arrivera ultérieurement, un accessoire restant nécessaire. Avantage de cette nouvelle solution, le futur PoE+ HAT, lui aussi prévu en 2024, sera nettement plus compact et pourra être casé dans le boîtier officiel. Ce dernier reprend le design général des anciens modèles, mais il intègre un ventilateur pour un refroidissement actif de l’ordinateur. Voilà qui vient un petit peu contredire les annonces de la fondation sur la baisse des températures, mais on peut aussi se dire que c’est un choix plus raisonnable pour éviter la surchauffe comme sur les Raspberry Pi 4. Les concepteurs de l’ordinateur promettent en échange un ventilateur discret, dont la vitesse variera automatiquement en fonction de la température des composants.
Une ventilation active reste optionnelle, le Raspberry Pi 5 doit tourner normalement sans, mais un ventilateur officiel sera aussi vendu sans le boîtier, pour ceux qui veulent maintenir des performances optimales dans la durée. Même idée côté alimentation : si l’ordinateur peut se contenter d’un adaptateur USB-C de 15 W, il bridera alors l’alimentation des connecteurs USB, car la puce peut nécessiter jusqu’à 12 W en pointe (contre 8 W sur le 4). Les 600 mA alors fournis en USB suffiront alors pour des périphériques légers, type claviers et souris, mais pour alimenter un périphérique plus exigeant, il faudra une meilleure alimentation.
La fondation commercialisera ainsi un bloc secteur de 25 W qui permettra d’alimenter normalement les ports USB et laissera même 5 W de marge pour ceux qui veulent pousser les fréquences. Au passage, le PoE+ HAT pourra lui aussi transmettre jusqu’à 25 W, mais il faudra une source suffisamment puissante. Pour finir sur la partie alimentation, on peut ajouter une pile au Lithium pour alimenter son horloge interne même quand il n’est pas branché.
Toutes ces nouveautés ont un prix : le Raspberry Pi 5 est vendu à 70 € en version 4 Go de RAM, ou encore 93,6 € avec 8 Go de mémoire. Un prix de base en singulière hausse quand on se rappelle que son prédécesseur affichait un tarif initial de 37 €, mais l’inflation est passée par là et il faut noter sa dotation en mémoire vive plus généreuse de base.
Le nouvel appareil est en précommande, avec des premières livraisons prévues à partir de la fin du mois d’octobre, mais on imagine que les stocks seront légers au départ. Sa production reste européenne, puisque les ordinateurs sortiront comme toujours d’une usine Sony située dans le Pays de Galles, au Royaume-Uni.
Author: Samuel Weaver
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